Il sonna à la porte, et attendit un moment sur le seuil. Le vent soufflait fort dans les branches des arbres. Il pleuvrait peut être plus tard. Lenhart resserra un peu le col de son manteau, redressa celui-ci autour de sa nuque. Le manteau était noir. Un sorcier inspiré aurait probablement complété en disant « noir comme l’âme d’un Gaunt ». Il n’aurait pas eu tout à fait tord. Le sang de Salazar Serpentard avait beau s’être dilué au fil du temps, les membres de la famille conservaient une certaine propension à la noirceur et à la morbidité. De si charmants personnages. Le genre qu’on préfère éviter d’avoir dans sa famille. Malheureusement pour l’homme qu’il allait voir à présent, c’était son cas. Ou plutôt, ça avait été. Pas qu’il n’avait pas eu l’habitude depuis sa plus tendre enfance. Sa famille avait lui aussi une part sombre très marquée. Mulciber. Si descendre de Serpentard, et compter l’un des plus grands mages noirs de l’histoire dans une branche cousine, était tout à fait respectable à l’aune de la diablerie, les Mulciber et leur ancêtre mangemort n’étaient tout de même pas loin dans la hiérarchie du mal. Pas mal du tout comme score, en effet. Peu de sorciers encore purs pouvaient encore se vanter d’avoir tels personnages dans leur famille. Et la plupart ne voulaient même plus du tout se vanter de ce fait, mais cherchaient au contraire à le cacher à tout prix, fuyant leur héritage. Lenhart eu un rictus, repensant à un cousin plus ou moins éloigné de sa mère qui avait changé de nom de famille, fait toute sa scolarité à Salem, avant de rentrer épouser une née moldue. Quelle honte, vraiment. Renier à ce point son héritage. Ce n’était certes pas Lenhart qui ferait cela. Le fils bien aimé, la grande fierté familiale.
Il attendit un moment sur le seuil, et promena son regard autour de lui. Il scruta le quartier autour de lui, la rue propre mais battue par le vent d’automne. Il suivit une feuille des yeux, observa un chien qui batifolait un peu plus loin, suivit par son maître à l’air blasé, et leva les yeux une fois de plus vers le ciel. S’il pouvait pleuvoir seulement après qu’il soit rentré, il préfèrerait. Les moldus ne seraient pas vraiment rassuré par un sort anti pluie, il était donc condamné à se mouiller comme le commun des sans pouvoirs. Absolument scandaleux. Que dirait son père en voyant l’héritier des Gaunt trempé comme un chaton qui est tombé dans une baignoire pleine ? Mais comme il n’avait pas l’intention de briser le secret magique aujourd’hui, ni à rameuter oubliators et compagnie parce que des moldus se sont inquiéter de voir un type rester miraculeusement sec sous l’averse … et bien il lui faudrait céder à cet inconfort. Avec un peu de chance, cette petite course ne lui prendrait pas trop de temps. Il n’était pas convaincu toutefois. Il savait que Leodagan ne l’appréciait pas trop, mais ils avaient malheureusement un lien familial, et il fallait au moins maintenir les apparences. Ce qui voudrait dire petite conversation sans intérêt et banalités en tout genre. Ce que cela le fatiguait. Il avait envie de gifler l’homme parfois. Tu parles d’un cousin. Qui avait eu l’idée de marier Anna à un imbécile pareil ? Enfin, elle était morte à présent, donc ça n'était plus très important surement. Il soupira, préférant laisser de coté cette interrogation qui l’avait longtemps poursuivie. Il devait toujours le respect à Mulciber, en tant que membre de sa famille, même par alliance, du fait de la pureté de son sang, mais aussi car l’homme était tout de même plus âgé que lui. Les convenances étaient un aspect très important dans la vie de l’allemand. Hors de question d’être pris en défaut de ce côté-là.
Il promena son regard autour de lui, et sonna de nouveau à la porte. Lorsque celle ci s’ouvrit au bout d’un moment, il plaqua un sourire faux sur son visage, comme il savait si bien le faire. Comme il avait été entrainé à le faire pendant des années. Soit poli, sourit aux gens importants … méprise les faibles. Il considéra l’homme qui ouvrit un moment du regard, son sourire ne flanchant pas. En parlant de faible … il prit la parole d’une voix suave. La voix du serpent si ceux-ci en avaient une.
- Bonjour Leodagan. J’aurais besoin de tes compétences.