J'avais eu une journée dotée d'un emploi du temps digne du ministre de la magie. Je m'étais levée tôt ce matin pour aller en cours, et avait même eu le temps de prendre mon petit-déjeuner en ville, puisque j'avais quelques minutes d'avance sur mon horaire, juste avant le début de ma première classe. Un bon café m'avait donc mise d'aplomb pour cette folle journée qui m'attendait. En quittant le petit bar, j'avais pressé le pas pour être certaine d'être rendue avant l'heure du commencent de la leçon. Ayant bien calculé, j'étais assise au deuxième rang de la salle quand le professeur fit son entrée. Les deux heures avaient filé rapidement, et je n'avais eu que cinq minutes pour courir de l'autre côté de l'université, et me rendre à la salle 4, où la matière suivante allait être enseigné: Alchimie approfondie. J'étais donc dans le bâtiment B, quand je trébuchais sur une marche, et m'étalais de tout mon long sur l'escalier que je devais monter pour atteindre ma salle de cours à temps. Regardant autour de moi pour si quelqu'un m'avait vu, je ramassais plus vite que la lumière mes bouquins, et je reprenais ma course, pour arriver juste au même moment que mon professeur à l'endroit indiqué sur mon précieux emploi du temps. Après avoir suivi l'enseignement, et concocté un philtre de glace, je me dirigeais vers le réfectoire, et mangeait seule. La matinée était finie, et l'après-midi s'annonçait bien long. Mais plus vite que je ne l'avais pensé, il s'était terminé, et sans aucun autre désastre en vue. Alors je marchais en direction de l'arrêt de bus qui allait me transférer dans le métro londonien moldu, puisque réellement, j'avais eu une sérieuse envie de shopping, et je n'avais qu'un désir, l'assouvir, et quoi de mieux pour ça, que les magasins moldus. J'adorais leur mode, bien mieux et plus classe que celle des sorciers à mon goût, et j'aimais les observer, eux, les moldus, ainsi que me promener dans ce Londres complètement différent du notre. Plus tard, je rentrerai chez moi, réviserai un peu, mangerai un bout, et irai me coucher pour commencer une nouvelle journée dès le lendemain. J'entrais dans le bus violet, saluais poliment son conducteur, et m'asseyais sur une banquette, n'observant même pas les gens qui se trouvaient autour de moi, et en moins de deux, je me retrouvais dans une rue sombre qui ressemblait un peu à celle où mon appartement se trouvait, mais je me trouvais en fait dans un monde complètement opposé. Celui des moldus. J'ouvrais la porte, et marchais en direction du métro, tout en remerciant le chauffeur, qui avait déjà redémarré son bus et qui était parti à grande vitesse.
Je descendais les marches qui m'amenaient sous-terre, et suivi le chemin qui me guidait jusqu'au métro dont j'avais besoin pour me rendre au bon endroit. N'importe quel sorcier serait perdu sans une carte du métro moldu, mais personnellement, et ce depuis que j'étais résidente de Londres, j'avais emprunté ce moyen de transport qui m'était des plus sympathiques. Je n'étais en train d'attendre que depuis une petite minute quand le train se fit entendre. Hagarde, je me levais rapidement, et attendais son arrivée, comme tous les gens qui m'entouraient. Après quelques dizaines de secondes seulement, le train était en arrêt devant moi, et ses portes s'ouvraient, laissant une odeur de mélanges de transpiration, de souterrains et de renfermé attaquer mes pauvres narines. Ecoeurée un instant, je me faisais pousser à l'intérieur du wagon par cette foule de moldus probablement pressés de rentrer chez eux. Je pris rapidement place sur un siège dont je décidais d'ignorer volontairement la saleté, et tendais mes jambes devant moi, afin de me relâcher. Le métro reprit sa course sereinement, et c'est alors que je jetais un coup d'oeil à mes alentours.
En face de moi se trouvait une jeune femme d'une trentaine d'années, définitivement moldue, qui lisait paisiblement un roman aux allures médiévales, alors qu'assise à ses côtés se trouvaient deux filles blondes, jumelles, aux jolies boucles harmonieuses, qui étaient par ailleurs sages comme des images. Un peu plus loin à la droite de l'une d'elles, un homme un peu plus âgé se tenait debout, contre la porte. Il avait les yeux paisiblement fermés, et j'étais persuadée qu'il était sorcier. La main posée sur la poche de son jean délavé n'avait fait que renforcer cette affirmation. Juste en face de lui, à quelques mètres sur ma gauche un jeune homme était assis. Je le connaissais de vue parce qu'il était en deuxième année à l'Université de Sorcellerie, en Défense des Nations lui aussi. Il était habillé normalement, et si je ne l'avais pas déjà vu à plusieurs reprises, je n'aurais pas pu trancher entre sorcier ou moldu. Il observait aussi les gens autour de lui, et l'espace d'un instant, nos regards se croisèrent et je savais qu'il m'avait reconnu. A mes côtés, personne. Le reste du wagon était vide, ou du moins, je ne voyais que le derrière de quelques têtes à la fin de celui-ci. Bref, c'était paisible. Jusqu'à ce qu'un clochard entre dans le compartiment dans lequel nous nous trouvions, et nous joue du violon bien trop fort. Je baissais les yeux, et me concentrais sérieusement sur une minuscule tâche de vernis à ongles qui ornait le bleu de mon jean. Soudain, le train fit un arrêt brutal, qui me fit glisser jusqu'à ce garçon qui fréquentait la même université que moi. J'observais une nouvelle fois autour de moi, et tout le monde se remettait de ce stop des plus violents, alors que les deux autres sorciers que j'avais observé avaient dans le regard l'exacte même panique que je ressentais au même moment. Un coup d'oeil rapide, et je me rendis compte qu'une autre personne était présente dans notre wagon. Une jolie blonde que je ne connaissais pas, mais que je pouvais identifier comme sorcière sans la moindre hésitation. Elle avait quelque chose de spécial... Je la regardai, toujours paniquée, une question dans le regard, alors qu'une voix chantonnait dans les haut-parleurs du train:

"Mesdames, Mesdemoiselles & Messieurs, nous vous prions d'excuser cet arrêt soudain, mais notre train a été sujet à un problème technique, que nos employés tentent de réparer le plus vite possible. Merci de votre patience."


Alors que les moldus étaient déjà redevenus normalement calmes, nous, sorciers, nous jetions tous des regards méfiants, interrogateurs et à la fois paniqués. Qu'allait-il se passer?