Prise de tête et pris au piège * Jace Warwick|Cheyenne S. Lancaster
ϟ this is the road to ruins, and we're starting at the end, say yes, let's be alone together.
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Posté Mer 22 Juin - 23:42.
L'allée des Embrumes, peu de lieu en Angleterre ont la réputation si vile, si sale, si monstrueuse. Rue miteuse ou le pavé poisseux semble coller, on n'y vient jamais pour la promenade du début de soirée. Tous les badauds y sont occupés à leurs affaires les plus sombres, les plus ténébreuses, et les plus illégales. On y trouvait toutes sortes de boutiques, et toutes vendaient des marchandises touchant de près ou de loin aux domaines les plus noirs de la magie. Têtes réduites, araignées géantes et vivantes, chandelles empoisonnées, organes humains encore frais, ingrédients rares et dangereux pour les potions, tout s'y trouvait, pour un prix souvent dissuasif. De fait, le sorcier moyen, bien dans ses chausses, n'allait pas dans l'Allée. Il ne serait jamais venu à l'esprit d'un sorcier honnête de se rendre chez Barjow & Beurk, par exemple, pour acheter des ustensiles de cuisine magique, sauf s'il s'intéressait à la cuisine cannibale des confins de l'Afrique. Tous les sorciers qui fréquentaient l'Allée des Embrumes avaient plus ou moins quelque chose à se reprocher. Il s'y trouvait des assassins, des voleurs, des mages noirs plus ou moins dangereux, des partisans des pratiques interdites, mais aussi des vampires en villégiature à Londres, ou des sorciers de passage désireux de se faire oublier. Jace lui-même ne faisait pas exception : il n'avait jamais rien fait d'illégal, mais il n'était pas là pour s'amuser. Il ne descendit pas chez Barjow & Beurk, comme c'était son habitude. Il n'était pas particulièrement féru de magie noire, mais se passionnait pour les mystères de la magie dans son ensemble. Il ne s'arrêta pas chez Tissard et Brodette, enseigne qu'il ne fréquentait guère et qu'il ne fréquenterait probablement jamais. Il passa devant Obscurus Books, faute de temps. Il n'adressa pas même un mot ou un sourire aux marchands ambulants qui l'accostèrent sans honte. Bien que Jace fût une figure publique méconnue mais malgré tout connue d'un petit nombre, il n'était qu'un quidam parmi d'autres dans cette rue maudite, car comme beaucoup d'autres, il s'était couvert d'une longue cape noire, plutôt légère, dont la capuche dissimulait en grande partie les traits de son visage.
À l'angle d'une intersection se dressait une vieille bâtisse qu'on aurait pu croire sur le point de s'écrouler tant les murs, parfois percés de trous béants, qui la tenaient paraissaient fatigués. La toiture, en grande partie délabrée, menaçait de tomber avec fracas sur la tête des passants qui, trop imprudents, se seraient trop approchés. Quelques enseignes, accrochées aux poutres apparentes, donnaient à penser qu'une boutique avait tenu ici ses quartiers, mais rien ne laissait deviner ce qu'on avait pu vendre entre ces murs : les vitrines étaient vides, et les derniers clients à encore fréquenter les lieux étaient les araignées, les cafards et les rats. Jace s'approcha de la porte, dont le bois rongé par la vermine et la moisissure semblait plus friable encore que la terre sèche du sud de l'Espagne. Observant l'encadrement avec attention pendant de longues minutes, agitant sa baguette afin de révéler les éventuels envoûtements ou maléfices susceptibles de protéger l'entrée du bâtiment. Cependant, rien ne se manifesta et Jace se décida à entrer, confiant. La poignée manqua de lui rester entre les mains quand il passa la porte. Pénétrant ce qui ressemblait à un petit vestibule vide de tout mobilier, de tout éclairage et de toute décoration, Jace prit soin de fermer la porte derrière lui. Si, au dehors, il faisait encore jour, l'obscurité était telle à l'intérieur qu'on n'y voyait pas, sans lumière, à plus d'un mètre.
« Lumos. »
À la lumière de sa baguette, deux portes lui apparurent. La première ouvrait sur une pièce de petite envergure qui avait dû, dans le temps où cette maison était encore habitée, servir de vestiaire. La deuxième ouvrait sur un grand salon. Reconnaissant la pièce qui lui avait été décrite Jace sut qu''il se trouvait au bon endroit. Quelques jours auparavant, on l'avait informé de faits étranges touchant l'une des maisons abandonnées de l'Allée des Embrumes. Personne ne s'était plaint, naturellement, car les phénomènes étranges et potentiellement maléfiques étaient monnaie courante dans cette zone là de Londres, mais Jace avait été intrigué par ces faits qui lui avaient été rapportés : des sorciers pourtant aguerris aux arts noirs avaient pénétré la maison maudite sans pour autant jamais en sortir. Quelques aurors avaient été envoyés sur place pour dresser un état des lieux, mais ils étaient revenus sains et saufs, et avaient conclu à une mauvaise plaisanterie. Jace, que la curiosité guidait en cette affaire, car il pressentait l'existence d'un grand mystère, n'avait pu se résoudre à oublier tout cela, et avait décidé, ce jour, de mener l'enquête par lui-même. Pas stupide, cependant, il avait pris soin de prévenir de ce qu'il allait faire et, bien que ses collègues, craintifs, avaient ouvertement désapprouvé son initiative, il s'y était tenu.
Ce grand salon était fidèle à la description qu'en avait fait les aurors qui avaient inspecté la maison. Un grand sofa à trois dossiers et deux fauteuils entouraient une table basse ouvragée dont le plateau de verre se couvrait d'un napperon tissé de motifs répétés. Ailleurs dans la pièce, deux tables de jeu et plusieurs chaises complétaient le mobilier sans alourdir l'ensemble, probablement car le plafond était très haut. Deux lustres, probablement importés de France ou d'Italie, servaient autrefois à l'éclairage. Aux murs pendaient des tableaux ensorcelés dont les figures semblaient endormis. Un grand miroir rectangulaire brillait au dessus d'une cheminée arrondie où des bûches à moitié brûlées semblaient n'attendre qu'une étincelle pour s'embraser. Jace inspecta vaguement ce mobilier qui témoignait de la richesse d'anciens propriétaires désormais disparus. Une grande arche ouvrait sur une galerie qui menait peut-être à une salle à manger, ou à un bureau, ou même à un autre salon. Jace n'alla pas dans cette direction, préférant prendre cette porte qui, à l'opposé de la galerie, donnait sur un couloir dont il inspecta chaque recoin. Ce couloir conduisait à un débarras, à un boudoir et à une chambre qui ne présentèrent que très peu d'intérêt. Revenant sur ses pas, toujours en alerte, marcha jusque dans la galerie, où une voix mystérieuse et inconnue l'insulta copieusement. Dans son cadre, une vieille dame l'observait avec mépris et répandait son fiel en parlant toujours plus fort. D'un coup de baguette, Jace lui imposa le silence, et poursuivit son chemin jusqu'à un escalier grinçant qu'il gravit. Au sommet, il découvrit un grand hall aussi vide que le vestibule d'entrée, ce qui l'étonna, car les deux pièces vides contrastaient avec toutes les autres demeurées meublées. Mais à peine avait-il eu le temps de se faire cette réflexion à part lui qu'un grand bruit se fit entendre dans toute la maison. Un souffle glacé manqua de le projeter au sol quand toutes les chandelles s'allumèrent d'un coup, inondant toute la maison de leur lumière tamisée. Puis, on entendit des bruits qui se succédaient de portes qu'on claque et de fenêtre qu'on fracasse. Mais les fenêtres que Jace pouvaient voir ne se brisaient pas sous ses yeux. Au contraire, elles semblaient s'épaissir et se clore à tout jamais. D'un pas rapide, le sorcier revint sur ses pas et se précipita vers le vestibule d'entrée, car alors une crainte avait germé dans son esprit.
Hélas, sa crainte fut confirmée, la porte était close et condamnée, car tous les sorts qu'ils connaissaient n'y suffirent pas : elle demeura fermée, inébranlable. Il revint sur ses pas en direction du salon, où il remarqué qu'il n'était pas seul. Il brandit sa baguette à l'adresse de l'inconnue, qui n'allait pas manquer de faire de même, pensait-il.
« Pardonnez mon geste, mais vous pouvez comprendre ma méfiance. Je baisserai ma baguette si vous faîtes de même. »
Et pour prouver sa bonne foi, Jace entama le mouvement, sans pour autant baisser sa garde.
« Je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un ici, à vrai dire, et j'ai le regret de vous informer que la porte est condamnée. Si vous voulez vérifier et essayer de l'ouvrir par vous-même, ne vous gênez pas, mademoiselle ? »
Dominus Tenebrae
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Posté Lun 27 Juin - 23:46.
L'allée des Embrumes... Certainement le lieu le plus débile de tout le Londres Sorcier. Le point de rendez vous connu de tous les Mages Noirs et autres Malfrats Sorciers de Londres, avec un immense panneau lumineux clignotant au dessus de l'entrée : "Si vous cherchez les méchants, ils sont là !" Oui bon, d'accord, il n'y avait pas de panneau lumineux mais sa présence ne changerait pas grand chose. Tout ce qui était interdit par le ministère se trouvait ici, et tout le monde le savait. Et... Bien évidemment, le ministère ne faisait rien. Ben non, il était occupé à dépenser les galions du contribuable dans de grandes fêtes aussi prestigieuses que couteuses à l'image du grandiose tournoi des trois Sorciers à Champions variables. C'était la nouveauté de l'année 2056. A chaque tâche son champion. Original, bien que peu intéressant au final... Mais bon, cela semblait convenir à l'ancien comme au nouveau Ministre du coup, personne ne se posait de questions. Ah si, l'organisation se posait des questions, elle. Ou non, même pas. Elle se contentait de trucider tout ce qui n'entrait pas dans sa vision paradisiaque du monde. C'était une autre technique qui valait bien la première. Le ministère enivrait ses sujets de vin et de fêtes pour mieux les endormir quand l'organisation coupait la tête du premier qui croisait son chemin. Bref, ils prenaient tous les gens pour des imbéciles. Imbéciles qui ne se posaient pas de questions à vrai dire... Qui blâmer dans ce cas ? Merlin ?
Bref. Peu importait. Aujourd'hui, il n'était ni question de ministère, ni d'organisation, juste d'un reportage dans une vieille bâtisse abandonnée et réputée hantée. Ironique dans le monde Sorcier, je vous l'accorde, mais inexplicablement, personne n'avait jamais compris ce pourquoi cette baraque vétuste restait inoccupée. Et surtout, ce qui était advenu des quelques aventuriers assez idiots pour y emménager. Et cette baraque se trouvait -je vous le donne en mille- dans l'allée des Embrumes ! Eh oui ! Il faut dire qu'elle aurait fait tâche à côté du ministère... Comme quoi le hasard faisait bien les choses ! Ou pas forcément. S'il les faisait bien, je ne me trouverais pas aujourd'hui en chemin pour m'y rendre. Si certains en doutaient encore, je n'étais pas assez attardée pour vouloir tenter le sort et y emménager mais j'étais assez curieuse -disons que j'avais plutôt relevé un énième pari débile lancé par ce cher prince Raph- pour me décider à aller y jeter un œil et écrire un article, intéressant à défaut d'être utile, sur le sujet.
J'avais donc quitté la gazette de bon matin et me dirigeais d'un pas tranquille vers l'allée des embrumes, encore relativement peu fréquentée à cette heure de la journée. Après tout, n'étant pas une habituée de l'endroit, je préférais éviter de prendre trop de risques en allant dans le quartier sordide du Londres sorcier en pleine nuit. Vêtue d'un simple jeans et d'un pull chaud et confortable recouvert d'une simple cape brune, je traversais les différentes allées du quartier pour me diriger vers la maison hantée en question. Si j'attirais quelques regards, je ne m'en formalisais pas. Je savais où j'allais, et je savais aussi que personne ne me suivrait à l'intérieur. Du moins, c'est ce que j'espérais.
Arrivée face à la demeure, j'affichais une moue boudeuse en calculant les chances que j'avais qu'elle me tombe dessus d'ici quelques minutes si le vent ne s'arrêtait pas de souffler, et, résignée, me décidais à la contourner histoire d'en visualiser tous les accès. Certes, mon sens de l'orientation étant déplorable, je n'étais pas certaine que cela me soit très utile une fois à l'intérieur mais se manège me permettait de me préparer psychologiquement, ce qui était un bon début à mes yeux. Quelques minutes plus tard, j'optais pour la porte de derrière et prenant une longue inspiration, posais une main gantée sur la poignée pour ouvrir.
Ou pas.
J'affichais une grimace quand ladite poignée se retrouva dans ma main et, cherchant en vain un endroit où la déposer, la glissais dans mon sac en sortant ma baguette. D'un sortilège classique, j'ouvrais la porte et pénétrais dans un couloir moisi en plissant le nez. Inoccupée depuis quelques années au moins, c'était une confirmation. Pfff... Je me vengerai Raph... Évitant finalement de respirer par le nez, j'avançais lentement dans l'espèce de corridor qui devait mener vers la pièce principale quand un bruit mat résonna dans mon dos, me poussant à faire brusquement volte face pour pointer ma baguette sur la porte maintenant fermée.
Un courant d'air. C'était forcément un courant d'air...
Je fermais les yeux une seconde, le temps que mon rythme cardiaque retrouve une cadence normale puis me décidais à poursuivre mon inspection. Des papiers, des photos... N'importe quoi de personnel ferait l'affaire ! Sauf que tout semblait totalement moisi voir déjà réduit en poussière... Peut-être que dans la pièce principale voir dans les chambres, je trouverai quelque chose de plus utile... Continuant d'avancer, je gravis quelques marches pour accéder à l'étage principal et plissais les yeux d'un air suspicieux en remarquant un tableau visiblement très énervé, semblant hurler sur le monde sans produire un seul son. Étrange, mais pratique. Quelque chose me disait que cette peinture ne devait pas être des plus avenantes... L'idée de tenter de lever le sortilège me passa un instant par l'esprit mais je préférais continuer mon inspection avant. Si jamais je ne trouvais rien, j'y reviendrais.
C'est au moment ou je posais le pied sur la première marche pour accéder à l'étage qu'un bruit sec résonna dans toute la maison, rapidement suivi d'une rafale de vent gelé qui sembla allumer toutes les torches de l'escalier.
Je retirais le pied de la marche.
Mais rien ne changea. Tout au contraire, les portes se mirent à claquer, les vitres à exploser, et moi à courir vers la porte que j'avais prise pour entrer. Porte qui ne s'ouvrit bien évidemment pas malgré plusieurs sortilèges et un coup de pied bien senti. Pointant une dernière fois ma baguette sur le bois, j'ouvrais la bouche pour lancer un dernier sortilège, sauf qu'une voix mâle me précéda, m'interrompant dans mon geste. Me plaquant dans ce que j'espérais une ombre du mur, je tendais l'oreille. Plusieurs sortilèges s'enchainèrent mais provenaient d'un peu plus haut. De la pièce principale peut-être ? Et le juron qui suivit me confirma qu'ils ne fonctionnèrent pas. Tout ça ne me disait rien qui vaille mais au moins, je n'étais pas seule. Et si cette personne tentait de quitter cet endroit, alors c'était pour le moment mon meilleur ami.
Montant les quelques marches qui me séparaient du couloir menant à la porte d'entrée, j'arrivais en vue du sorcier en question. Un gars visiblement, qui n'hésita pas à pointer sa baguette sur moi, geste que je lui retournais tout aussi rapidement. « Pardonnez mon geste, mais vous pouvez comprendre ma méfiance. Je baisserai ma baguette si vous faîtes de même. » Ok. Ce n'était ni un troll, ni un vampire. Et en plus il parlait Anglais ! Une bonne chose... Hochant la tête, je baissais lentement ma baguette, histoire d'éviter un sort perdu. « Je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un ici, à vrai dire, et j'ai le regret de vous informer que la porte est condamnée. Si vous voulez vérifier et essayer de l'ouvrir par vous-même, ne vous gênez pas, mademoiselle ? »« Lancaster. Cheyenne Lancaster. Vous êtes ? » demandais-je poliment afin de savoir à mon tour à qui j'avais affaire avant de continuer. « Je vous crois sur parole, la porte de derrière est elle aussi condamnée... Peut-être les fenêtre ? » Mais quelque chose me disait que ça ne pourrait pas être aussi simple...
Avançant dans la direction de l'homme qui me faisait face, je jetais un œil à la salle principale. Effectivement, les fenêtres semblaient tout aussi condamnées que les portes. Impossible d'envoyer un patronus pour prévenir qui que ce soit. Si je voulais sortir, il faudrait trouver la solution... « Super... Dites moi que vous êtes un professionnel des maisons dites "hantées"... » L'espoir faisait vivre après tout...
Promenant mon regard à travers la pièce à la recherche de quelque chose d'utile, je grimaçais à la vue du miroir, souvenir d'une mauvaise expérience relativement récente. « Vous avez pu fouiller l'endroit un peu déjà ? » Parce que moi, je n'en avais pas vraiment eu le temps...
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