« L'enfance est un papillon qui se hâte de brûler ses blanches ailes
aux flammes de la jeunesse. »

Les rues étaient sombres. La nuit avait été courte, pour Ryan. Sa manie d’envoyer à ses camarades des lettres (qui j’en conviens sont fort courtes) ne lui garantissait nullement que ledit camarade viendrait. Alors ? Alors il fallait ne faire qu’un avec ses pressentiments, les calmer. Reprendre des forces pendant la nuit si dure, dont le temps passe affreusement vite. Il fallait aussi répondre aux questionnements d’Elenna, en ne lui répondant qu’à demi. Il voulait que tout cela reste secret. Simplement entre Benjamin, et lui. Benjamin qui ne fut pas très présent autour de Ryan, ces derniers temps, mis à part une courte visite qu’il avait effectué à l’hôpital, pendant que Foreston se remettait de ses vilaines blessures. Vers le milieu de la nuit, il se remémora la lettre. Avait-il été trop vindicatif ? Après tout, le mal n’avait pas été causé que par Benjamin… Il lui était pour quelque chose, lui aussi… Mais sa lettre, il en était sur, ne contint pas que des piques, elle était le berceau de gentillesses qui prouveraient à Benjamin qu’ils étaient toujours amis…

Benjamin,

Voici un bon bout de temps que nos chemins ne se sont pas croisés, au détour d’un couloir ministériel, ou simplement dans la rue. Sache que cela me chagrine au plus haut point. Afin de nous remémorer les bons moments, et de trouver comment résoudre le problème de l’organisation une bonne fois pour toute, rejoins moi devant l’ancienne maison des Profitandieu, sur l’allée des embrumes – huit heures me parait assez matinal, et fort à propos. Viens seul, afin que du passé resurgisse la flamme de notre amitié.

R. Foreston

De plus en plus, Ryan avait une drôle d’impression. Il avait en tête que toutes ses lettres étaient interceptées par le ministère, ou l’organisation. Il ne savait plus vers qui il fallait se tourner, maintenant qu’il y avait eu cet incident avec Matvei, au gala de charité. Toute son estime et sa confiance en lui étaient parties, comme évaporées… Pourtant, il continuait d’éprouver envers ce ministère un profond amour. Oui, il l’aimait comme une muse, comme une jeune fille qui serait dan la fleur de l’âge, comme un fils. Alors, il faudrait découvrir ce que cache l’organisation, afin d’arrêter toute cette macabre affaire. Il le fallait…

Arrivé sur le chemin de traverse, Ryan contempla le ciel bleu au dessus de sa tête. Pas un cumulus, pas un stratus. Ah ! La discrétion serait plus difficile, aujourd’hui. Alors il tourna vers l’allée des embrumes, ne regardant personne. Il ne voulait pas croiser le regard d’un sorcier aux pratiques douteuses. Pas qu’il avait peur, personne ne lui ferait de mal ici, mais sa réputation pourrait en être compromise. Alors il marchait rapidement, tête baissée sous son chapeau de la dernière mode Londonienne. Puis enfin il arriva au lieu où Benjamin devrait le retrouver, en espérant qu’il vienne…

Ce n'est rien !
Si tu voulais que l'on trouve la victime plus tard dans le rp, je change

Citation :

Benjamin,

Voici un bon bout de temps que nos chemins ne se sont pas croisés, au détour d’un couloir ministériel, ou simplement dans la rue. Sache que cela me chagrine au plus haut point. Afin de nous remémorer les bons moments, et de trouver comment résoudre le problème de l’organisation une bonne fois pour toute, rejoins moi devant l’ancienne maison des Profitandieu, sur l’allée des embrumes – huit heures me parait assez matinal, et fort à propos. Viens seul, afin que du passé resurgisse la flamme de notre amitié.

R. Foreston

La veille, Benjamin relisait une nouvelle fois la lettre. Il y avait comme une amertume dans ses phrases. Un reproche qui était fondé. Depuis l'attaque du Ministère, ils ne s'étaient plus vu aussi régulièrement. Il aurait dû être présent pour son ami mais il avait tout simplement autre chose à faire, comme les patrouilles à Gringott's. Oui, il s'en voulait. Comment ne pas s'en vouloir ? Il avait tout de même un ami à l'hôpital qu'il n'était allé visiter qu'une seule fois. Ça ne lui ressemblait pas. Alors ce message avait comme un coup amer. Un retour douloureux de son absence. Cependant, il y avait d'autres détails qui intriguaient le sorcier. Le problème de l'Organisation. Un lieu de rendez-vous dans l'Allée des Embrumes. L'heure du rendez-vous. Toutes ces précautions étaient sûrement prises pour ne pas qu'ils soient remarqués mais depuis quand est-ce qu'ils enquêtaient sur l'Organisation ? Pour le savoir, il serait beaucoup plus simple de rencontrer Ryan comme il le lui demandait. De plus, une enquête le changerait de sa routine.

Ainsi, le lendemain se rendait-il au Chemin de Traverse. L'heure était encore assez matinale pour lui éviter la foule des sorciers venus acheter quelque produit. Il n'y avait que ceux qui s'en allaient travailler. Il se mêla à ceux-là jusqu'au croisement d'une autre rue qui le mènerait dans l'Allée des Embrumes. Il n'y trainait jamais. Les coins malfamés et obscurs ne l'attiraient pas. Mais alors pas du tout. La seule fois où il avait mis les pieds ici, c'était suite à un défi lancé par son frère ainé. Il avait seize ans à l'époque. Depuis, l'endroit n'avait pas vraiment changé. Toujours les mêmes devantures, les mêmes produits échangés, le même type de personnes qui y trainaient. Non, rien ne changeait. Aussi fut-il rassuré de connaître au moins un peu l'Allée. Avant de se lancer dans la ruelle, il jeta un coup d'œil aux environs. Personne ne le regardait. Il pouvait se lancer tranquillement ou presque. Les mains enfoncés dans ses poches, il sentait le bois de sa baguette. Il rasait les murs pour ne pas se faire remarquer, tête basse pour ne pas qu'on le reconnaisse. Parfois, la célébrité avait ses inconvénients. Il s'imaginait l'ancien Ministre faire de même pour arriver jusqu'au lieu de rendez-vous. N'aurait-il pas pu choisir un autre endroit ? Chercher les membres de l'Organisation Secrète dans l'Allée des Embrumes était tellement prévisible. Les Aurors avaient sûrement commencé par là. Benjamin ne voyait pas vraiment l'intérêt de s'y rendre mais Ryan devait avoir ses raisons. Aussi n'allait-il pas protester. Enfin, la demeure tant attendue apparue devant lui. Aussi sombre que les bâtiments voisins, elle se dressait là depuis des années. A côté, un sorcier patientait.

En s'approchant, Benjamin crut reconnaître la silhouette de son ami du Ministère. Sans oser le héler, il arriva à sa hauteur et découvrit sous le chapeau de l'homme un visage familier. Un léger sourire se dessina sur le visage du plus jeune. « ''Viens seul, afin que du passé resurgisse la flamme de notre amitié'', hein ? » prononça-t-il tout en citant la dernière phrase écrite de son collègue. Il se plaça devant lui afin d'étudier ses traits. Ryan semblait beaucoup mieux que la dernière fois qu'ils s'étaient parlés, à l'hôpital. Cependant, il semblait préoccupé. Sûrement à propos de cette affaire dont il voulait l'entretenir. Sans plus tard, Benjamin réclama la raison de leur rendez-vous. « Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu voulais qu'on parle de l'Organisation ? » A peine avait-il terminé sa phrase qu'un cri résonna dans une rue adjacente, faisant lever le regard au sorcier. Par Merlin ! Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Il ne pouvait se tromper, c'était bien un cri de douleur qu'ils avaient entendu. Quelqu'un avait besoin de leur aide. Même si c'était tomber dans un piège, le jeune homme se mit à courir en direction du cri. Pendant quelques secondes, il se contenta de marcher, cherchant d'où pouvait bien provenir le hurlement. Et puis il trouva. Une femme allongée par terre, le ventre ensanglanté. On lui avait porté des coups dans l'abdomen. Évidemment, utiliser sa baguette était trop dangereux quand existaient des sorts pour retracer les sortilèges jetés. Autour, il n'y avait plus personne. Aucun témoin, aucun éventuel tueur. Personne. Il s'agenouilla aux côtés de la victime, sans se soucier de savoir si Ryan l'avait suivi ou pas. Mais qu'est-ce que c'était que ce bordel ! Ils avaient beau être dans l'Allée des Embrumes, on n'était pas obliger d'assassiner des gens en pleine rue ! « Madame... madame ? » appela-t-il mais aucune réponse. Juste un râle de douleur et puis plus rien. La poitrine de la femme se soulevait lentement. Elle était encore vivante mais pour combien de temps ?

En réalité, les sorciers passant dans l’allée des embrumes n’étaient pas tous des « mauvais » gens. Beaucoup venaient ici pour travailler, d’autres parce qu’ils voulaient voir ce que c’était que cette rue réputée dans le monde entier pour ses magasins singuliers. Cependant, que les gens soient « bons » ou « mauvais », lorsqu’ils arrivaient à reconnaître Ryan sous son déguisement, ils le regardaient avec un air d’incrédulité. Lui, ancien ministre de la magie Anglais, actuel président sorcier du Magenmagot, être aperçu dans un quartier malfamé de Londres… Tout cela faisait désordre. Eh puis, si quelqu’un qu’il connaissait s’approcher pour lui demander ce qu’il faisait à une heure pareille dans un tel endroit, il n’aurait pu répondre « je traque l’organisation ». Non… Alors, la seule solution était de prier pour que Benjamin arrive vite, et qu’ils se mettent en route. Parce que pour les honnêtes gens, il n’y a rien de plus suspect que quelqu’un qui attend au coin d’une sombre ruelle. Chaque homme qui passait était regardé, analysé, scruté par Ryan qui espérait voir en l’un d’eux son ami ; Mais rien… Simplement des gens, inconnu, qui passaient, encore et toujours. Puis, tout à coup, il vit quelqu’un s’approcher de lui, souriant. Nul doute que c’était Benjamin. Ryan, loin de sourire (ç’aurait été mal le connaître), le toisa du regard, bien qu’il souriait intérieurement. Les quelques mots de Benjamin firent enfin poindre sur les lèvres ministérielles un petit sourire. Il s’approcha un peu de son homologue et lui murmura :

« Cela fait du bien de te revoir… »

Murmure ? Bien évidemment. Vous n’aviez quand même pas espérer voir Ryan crier au monde entier que son meilleur ami lui avait manqué ! Pourtant, ils ne parleraient pas de tout et de rien, pas aujourd’hui. Et Benjamin, toujours fidèle à lui-même, l’avait bien compris. Il commença à parler de l’organisation lorsque… Un cri. Un horrible cri de douleur fendit le ciel. Des profondeurs, un cri comme il n’en avait plus entendu dans ses rêves depuis quelques semaines. Et déjà, la vue du sang, dans sa tête. La vue du sang qui coule, qui apaise. Il ne fallait pas, pourquoi aujourd’hui ? Lui qui était à présent guéri… Benjamin se mit à courir en direction du cri. Mais d’où venait-il ? Allait-il la trouver, cette femme douloureuse ? Il baissa les yeux, et à contre cœur, il le suivit. Quelques mètres plus loin, il vit benjamin s’agenouiller. Il s’avança et l’horreur tant redouter se produisit encore. Oui, encore. Etendue, ce n’était plus Paula. Etendue, c’était une femme, inconnue. Ses traits étaient beaucoup moins beaux que ceux que la brune russe, mais le sang était lui tout aussi délicat. Blanche neige qui se pique de son aiguille, laissant sur sa peau « de neige » une couleur splendide de rouge parfait. Ryan ne pouvait rien faire , ni aider son ami, ni appeler du secours. Il était attiré au plus profond de lui par cette femme, ou plutôt par son sang.

« Elle est comme moi…
- Non ! Pourquoi revenir ? Tu m’avais dit que tu étais partie !
- Je ne le serai jamais, Ryan… »

Et sa manière qu’elle avait de dire ‘Ryan’ le bouleversa, au plus haut point. Il vit que Benjamin ne le regardait pas, et pour qu’il reprenne ses esprits, il se mit une claque. Geste bien singulier, mais qui lui permit de regarder autre chose que le sang qui coulait.

« Spero Patronum – Message de Ryan Foreston : Nous sommes à l’allée des embrumes. Envoyez des aurors, une femme vient d’être mortellement agressée. »

Et le lion de partir vers le ciel. Que fallait-il faire maintenant ? Ryan ne le savait pas, et malgré toute la confiance qu’il avait en Benjamin, il était sur que lui non plus ne le saurait pas…