Tout à coup, l'espace se reforme. Le flou devient net. Les murs, le sol, le monde prend forme. Les silhouettes se dessinent. L'écho des voix devient de plus en plus proche. Elle a la nausée, mais elle le cache. Elle se tient fixement au rebord de ce qui semble être une table. Elle est assise, mais elle a l'impression qu'elle peut tomber, à tout moment. Le brouhaha l'envahit peu à peu. Elle est ici. Elle est là. Assise à une table. Et pourtant, elle est perdue. L'endroit sent l'alcool et la cigarette. Sale, délabré, le bar n'a pas l'air réputé pour sa bonne fréquentation. Un lieu dans lequel January n'irait pas traîner. Pas seule en tout cas. Elle regarde autour d'elle. Deux jeunes hommes qu'elle ne reconnaît pas sont assis à la même table qu'elle et ils semblent aussi déboussolés que la blonde. Elle leur sourit, sans se présenter. Pas pour l'instant.

Son regard est attiré par le couple d'hommes assis à quelques tables d'eux. Ils ont l'air louche. L'un d'eux porte une capuche, sûrement pour ne pas être reconnu, puisqu'il ne pleut pas dans le bar. January est irrésistiblement attirée vers eux. Elle fronce les sourcils. Elle tend l'oreille. Celui qui portait une capuche se découvre. January a beau être amnésique, ce visage là, on ne l'oublie pas. Elle ouvre la bouche de surprise et écarquille les yeux. Elle se trouve à quelques mètres d'Albus Dumbledore.

« Par la barbe de... »

Elle se rend compte qu'elle parle un peu trop fort lorsque Dumbledore la toise d'un regard perçant. Elle baisse immédiatement les yeux. Mais qui est l'autre? On dit qu'il est malpoli d'écouter les conversations. Mais January est persuadée d'être dans un rêve. Un rêve dans lequel elle s'accorde tous les droits. Pierre philosophale. C'est le mot qu'elle retient. Elle se tourne vers les garçons.

«  Je ne sais pas qui vous êtes et je ne sais pas ce qu'on fait là mais...Est-ce que c'est bien qui je pense que c'est ? Parce que si oui... Je sais pas comment c'est possible mais... Je crois bien qu'on a voyagé dans le temps... »

Elle les montre du doigt. Au même instant, une serveuse arrive. Sur son plateau, des boissons inconnues. January hésite un moment avant de tendre le bras pour en attraper une, mais la serveuse éloigne les boissons et tend la main à son tour. Il faut payer d'abord. Et January a beau chercher dans ses poches, elle n'a pas d'argent.

« Dommage, ma jolie. »

Sourire jaune. Elle se renfrogne dans sa chaise.

Un flou. Puis tout redevient normal. Ou presque. Je ne saurais dire où je suis. Tout est étrange. Je suis parti d'un endroit, pour arriver, dans un autre, totalement inconnu. Je suis attablé, avec deux jeunes inconnus. Je ne sais pas ce que je fais là. Je ne connais personne. Je ne sais ni où je suis, ni qui sont ces gens, ni qui est ce serveur à l'allure de péquenot. Tout le semble familier cependant. Serais-je venu par le passé ? Suis-je en train de rêver ? De cauchemarder ? Vais-je bientôt me réveiller ? Suis-je mort ? (toutes les possibilités sont à prendre en compte, dans ce genre de situations). Je n'ai que des questions, des millions de questions, auquel il faudrait de bonne réponses. Je regarde instinctivement les deux autres. Mon regard est interrogateur. Et je ne saurais mettre de noms sur ces visages. Je ne saurais même dire s'ils parlent ma langue. Mais cela n'a pas d'importance. Je les toise d'un regard mi-sombre, mi-aimable. Ils ont l'air à demi-paniqués, eux aussi. Il y a de quoi. Se retrouver dans un endroit que l'on ne connait pas, avec des inconnus, ça a de quoi faire paniquer les gens. Je suis paniqué. Je voudrais bien savoir où je suis.
Je scrute le bar, et les alentours. Le serveur à l'allure d'idiot sorti d'un cirque parle avec des clients, très loin de là.
Je suis en présence d'un jeune homme, et d'une jeune femme. La blonde semble être plus âgée. Tandis que je suppose que le jeune homme a le même âge que moi. Nous sommes tous trois ici, dans cet endroit insolite. Et sale. C'est bien la première chose que tous trois nous remarquons. La propreté de l'endroit est moindre et s'occuper des poussières semble n'être la priorité de personne ici. L'endroit est miteux, assez grotesque. Les murs sont aussi sales que si quelqu'un avec un talent moindre avait peint des œuvres pitoyables dessus. La couleur des murs me donnerait presque envie de vomir, mais je me retiens. Le propriétaire devrait être poursuivit pour mauvais goûts, tellement l'endroit me fait peur et me donne envie de tomber immédiatement dans un coma de longue durée. Mais qu'importe. Nous nous scrutons, avec la jeune femme et ce jeune homme. Nous ne nous présentons pas les uns aux autres, pas assez de temps pour ça. Enfin, le temps ne semble pas être un problème, mais puisqu'aucun des eux ne souhaite se présenter, je ne le fais pas.
La jeune femme au nom inconnu vient de repérer quelque chose, visiblement. Elle concentre son attention sur quelqu'un. Ou quelque chose. Discrètement, et puisqu'en face d'elle, je tourne la tête pour admirer ce qui l'occupe. Tout d'abord, je ne reconnais personne. Puis, la mémoire me reviens. Quel idiot tu fais. Bien évidemment. Mais que fait Albus Dumbledore dans cet endroit sordide, dans un de mes rêves, accompagné d'un illustre inconnu ? Enfin, que font ces deux jeunes gens dans ce rêve ? Je ne saurais répondre. Je m'en fiche. C'est absolument merveilleux de voir Dumbledore, ce grand homme, même en rêve. Et même si l'endroit est miteux, c'est grandiose. Grandiose de voir un si grand homme.
Tu détournes ton regard. La jeune femme prend la parole. « Par la barbe de... » Je ne suis pas le seul à avoir compris qui était cet homme à barbe. Je toise les deux jeunes gens. Puis je répond à la jeune femme. « J'ai pensé la même chose. »


«  Je ne sais pas qui vous êtes et je ne sais pas ce qu'on fait là mais...Est-ce que c'est bien qui je pense que c'est ? Parce que si oui... Je sais pas comment c'est possible mais... Je crois bien qu'on a voyagé dans le temps... », dit la jeune femme. Elle a raison. Il n'y a pas d'autre explication possible. Le voyage dans le temps est impossible pourtant . Mais vous avez voyagé, c'est impossible autrement. Et ici le vrai et le faux sont indécelables. Il suffit de suivre les traces. Et de chercher. Voilà tout. Pour le moment, vous chercherez à trois. « Pas de panique. Ni de conclusions hâtives. Soyons raisonnables. », dis-je, d'une voix pseudo autoritaire. Puis je me ravise. « En fait, vous avez raison. J'me demande bien ce qu'on fait là, et pourquoi Dumbledore est ici. » J'ai des tas de questions en tête. Mais j'ai ne les poserais pas. Je ne suis pas curieux à ce point.

A ce moment, une serveuse arrive. Elle porte trois boissons avec elle, au visuel douteux. Tu regardes la serveuse, puis les boissons. La jeune blonde essaie de s'emparer de l'une d'elle. Mais la serveuse l'en empêche. Un endroit pareil, il faut payer, bien évidemment. « Dommage, ma jolie. », se moque la serveuse à l'allure de prostituée. Je fouille dans ma propre poche, et trouve six beaux gallions. « Laissez je paye. », dis-je à la serveuse. J'allonge la monnaie. La serveuse scrute les gallions avec envie. Elle dépose les boissons devant ses propriétaires légitimes, s'empare des gallions et repart, plateau en main. Je scrute les boissons. Elles n'ont pas l'air buvables. Je me demande bien si j'ai bien fait de dépenser six gallions pour ces choses. Je regarde ma boisson, d'un air aussi dégouté qui si je devais boire un verre entier de polynectar. La boisson ne me donne pas envie du tout. Je pousse le verre avec dégoût et reprend. « A la vôtre. », dis-je, en évitant de regarder mon verre et en reportant mon attention vers les deux autres.

« A votre avis... Pourquoi est-on ici ? »

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