DRIIIIIIIIIIIIING

La journée s’annonçait longue pour Mona : une multitude de dossiers à remplir, sans compter les interminables discours qu’elle aurait à prononcer pendant l’après-midi. Elle était chargée de vérifier que les produits vendus par certaines boutiques étaient légales ou non, ces temps-ci circulaient beaucoup de parapluie lançant des maléfices, ou de mignons petits ours lançant des sectumsempra à quiconque s’approchait trop près. Oui, la journée s’annonçait même très longue. Dans tous les cas, elle devait se lever, et vite, elle ne s’était pas rendue compte mais elle n’avait pas bougé de son lit depuis que son réveil avait sonné, ce qui faisait exactement 17 minutes à se lamenter et se morfondre sur son sort, mais au fond, Mona le savait, elle était heureuse de faire ce travail, c’était un privilège de chasser les forces du mal. Surtout ces temps-ci, où on retrouvait des enfants morts, où des gens disparaissaient, et où même on ne pouvait peut-être plus faire confiance. La jeune femme se prépara en vitesse avant de se diriger vers sa cheminée. Elle saisit une poignée de poudre de cheminette et clama haut et fort Ministère de la Magie ! Elle se sentit aspirée par les pieds, comme si un aspirateur était placé en dessous d’elle, mais elle avait déjà l’habitude. Lorsque le sol arrêta de bouger, la jeune auror vit une multitude, pour ne pas dire une foule de personnes, marchait rapidement vers leurs départements respectifs, toujours un plaisir de se trouver ici se dit Mona.

Ironiquement, elle aussi se hâta de retrouver son bureau, elle avait une pile grande comme une tour de dossier à remplir ainsi qu’une multitude de hiboux à envoyer à tel et à tel département afin d’effectuer la plupart du temps un travail de désinformation auprès des moldus. Mona prenait son temps, elle aimait bien faire son travail, même si la partie qu’elle préférait était se battre avec les méchants et même si selon elle tous les dossiers qu’elle remplit iront droit dans les archives du monde magique, et bien soit ! Qu’il en soit ainsi, mais les dossiers signés du nom de Mona seront parfaits. C’est ce qu’elle se disait au début, puis elle arriva au dixième dossier, puis au vingtième, le trentième arriva, il était de plus en plus difficile pour elle de garder les yeux ouverts, et surtout la concentration sur ses papiers. Son esprit divaguait lentement mais sûrement, elle repensa à sa sœur Monica, partie trop jeune, elle aurait voulu la serrer dans ses bras et lui dire à quel point elle lui manquait. Mona aurait voulu lui dire combien elle regrettait ne pas avoir passé plus de temps avec elle et combien il était difficile de vivre sans elle, sans sa jumelle. Les larmes coulaient de ses yeux sans qu’elle ne s’en rende compte. Il était encore tôt, personne n’était encore arrivé et donc personne n’avait vu ce petit débordement. Elle chassa les pensées sombres et se remit à remplir machinalement les dossiers. Doucement, la pile diminua et la grande aiguille de l’horloge placée près du plafond indiquait presque midi. Il était l’heure de manger.


Mona se dirigea vers les petits restaurants moldus, elle adorait les petits plats qu’ils y servaient, sans magie, en toute simplicité, hand made comme on dit. Parfois, la jeune femme aimait apprécier les petits bonheurs que la vie de tous les jours offrait. Ce jour-là, elle prit une petite salade crétoise accompagnée d’une crème brulée. Elle avait la particularité de toujours manger son dessert avant son plat, elle ne sait même plus pourquoi, mais elle était comme ça. Après sa pause manger, elle retourna au travail, c’est-à-dire chez Barjow&Burke, vous savez, cette boutique douteuse se trouvant dans un coin perdu du Chemin de Traverse, bien c’est ça. Il y aurait des choses pas nettes là-bas et Mona était chargée de découvrir quoi. Lorsqu’elle arriva, personne n’était dans la boutique, comme on pouvait s’y attendre.

Une vieille odeur de poussière régnait et la lumière du jour avait du mal à passer à travers les vitres de la porte, un seul filet de lumière venait éclairer un morceau d’une armoire étrange. Il y avait des inscriptions ni latines ni anglais ni d’aucune langue que Mona connaissait. Peut-être du russe, ou peut-être pas. Elle détourna son attention sur une espèce de fleur placée sous une cloche elle-même recouverte de poussière. Elle pensait que c’était la fleur dont parlait le conte de la Belle et la Bête, mais en s’approchant, elle vit que la fleur avait des dents. La jeune femme ne prit pas le risque de soulever la cloche, elle ne savait que trop bien ce qui l’attendait. Puis elle vit une espèce miroir sur lequel figurait également des inscriptions, mais cette fois-ci, les connaissances de Mona lui permirent de comprendre : « Doceo te esse non » en fait, elle savait que c’était du latin, mais elle n’avait aucune idée de ce que ces mots voulaient dire. Intriguée, elle toucha délicatement le cadre du miroir. Il avait l’air vieux et fragile, était-il possible que ce soit le miroir du Rised ? Non… Il avait été détruit, mais pourtant, celui-ci était là. Elle parcourra la surface du miroir sans l’effleurer, puis décida que ses empruntes ne feraient rien sur un tel miroir. Elle posa ses mains dessus, et contrairement à ce qu’elle attendait, ses mains le traversèrent. Elle aurait dû être effrayée mais elle ne l’était pas, elle continua au contraire à avancer, bientôt, sa tête traversa le miroir, puis son corps tout entier. Elle fit comme aspirée par le miroir.

Lorsqu’elle fut de l’autre côté, Mona tâta hâtivement la surface du miroir : dure, froide, comme un miroir quoi. Puis quelque chose attira son attention, quelque chose qui se trouvait dans le miroir : c’était elle, enfin, en fait c’était lui, Mona était devenue un homme ! Elle s’observa un instant, ses cheveux étaient à présent courts mais toujours de la même couleur, ses traits étaient plus durs et bien plus… masculins. Elle se scruta. Elle avait même de la barbe ! Mais qu’était-ce donc que ce miroir et que faisait-il là ? En tout cas, Mona, elle, était coincée ici, en homme qui plus est. Elle posa sa main sur son pantalon… aucun doute, elle était bien un homme.