Les bureaux de la Gazette du Sorcier étaient incroyablement calmes pour un vendredi. Niels était dans son bureau –ou plutôt son placard- en train de finir un papier, ou tout simplement en train de dormir. Cheyenne, celle qui se rapprochait le plus de sa meilleure amie ici, à Londres, était on-ne-sait-où, sûrement en train de travailler sur quelque chose elle aussi. C’était plutôt étrange de ne pas la voir au bureau d’à côté, riant, comme d’habitude. Vera quand elle, était dans son bureau en train de travailler une interview. Les autres journalistes, eux, vaquaient à leurs tâches, qu’elles soient. Du coup, Raphaël était seul, à attendre. Même en étant patient, il n’aimait vraiment pas ça. Les crayons à tailler, les papiers à trier, les cafés à apporter, il avait déjà tout fait. Lui qui était plutôt désordonné, il avait même rangé son bureau ! Oh oui, il s’ennuyait fermement. Il ne pensait absolument pas que ce serait le cas, lorsqu’il avait postulé pour cet emploi, il y avait de ça quelques mois. Il venait alors d’arriver à Londres, et avait découvert qu’il aimait beaucoup cette ville. Et quand il avait vu l’annonce de recherche d’un assistant dans la Gazette, il avait tout de suite postulé, sans se poser de questions. Il ne regrettait pas, non, il pensait juste que sa vie à la sortie de Beauxbâtons serait plus excitante. Pourtant, il avait accomplit son rêve d’enfant : voyager. Il n’avait jamais apprécié la France. Il voulait voir le monde. Et c’était ce qu’il avait fait. Raphaël soupira, avant d’avaler une patacitrouille. C’était un bonbon typiquement sorcier dont il raffolait, qu’il avait découvert lors de sa répartition. Il se rappelait parfaitement de ce jour...

Le rouquin avait alors dix ans. Il n’était pas très grand, et l’uniforme bleu qu’il avait enfilé jurait affreusement avec ses cheveux orange. Il suivait la foule d’élèves devant lui, ayant hâte que tout soit enfin finit, pour qu’il puisse l’enlever. Il se sentait affreusement ridicule. Il n’avait jamais eût honte d’être roux, mais là, au milieu de toute ces têtes blondes et brunes, il se sentait assez mal-à-l’aise. Étonnant, non ? Il avait découvert qu’il était un sorcier il y avait quelques mois de cela, et là, il entrait à Beauxbâtons, l’école française de magie, en s'inquiétant de sa couleur de cheveux. Depuis qu’il avait apprit pour le monde magique, il s’était renseigné. Après être allé acheter ses fournitures sur le Chemin de Traverse, il avait lu tout ce qu’il avait pût trouver sur le monde magique. Il savait désormais tout du Quidditch, cette sorte de basket-ball aérien, sur Dumbledore et Harry Potter, et finalement, sur les autres écoles de magie européenne. Il aurait aimé aller à Poudlard plutôt qu’à Beauxbâtons. Non pas qu’il avait une dent contre cette école, non, mais rester en France n’était pas vraiment sa tasse de thé. Souvent, il avait essayé de s’enfuir de l’orphelinat. De s’enfuir très loin. Une fois, il avait même réussi, allant jusqu’en Espagne. Mais là, on l’avait retrouvé, en renvoyé illico presto « chez lui ». Alors aller à Poudlard, en Angleterre, loin de sa terre natale, de la terre qui avait vu mourir sa mère... Ca semblait le paradis. Il aurait même accepté Durmstrang l’institut russe, pour ce que ça valait. Bien entendu, il avait entendu dire qu’on pratiquait là-bas la magie noire et la torture, donc il avait abandonné tout espoir de demander un quelconque transfert. Pauvre enfant.

- J’ai entendu dire qu’ils nous séparaient en groupes en nous laissant nous battre avec un Sombral !
- Mais n’importe quoi ! Ils nous font nous battre avec un épouvantard !
- Ah bon ? Mais je croyais qu’on allait choisir moi !

Raphaël avait levé les yeux au ciel, plus qu’exaspéré. Ils n’avaient jamais ouvert un livre de leur vie ou quoi ? Il allait ouvrir la bouche pour leur répondre, quand les portes qui se tenaient devant eux s’ouvrirent soudainement. Ca y était. Il allait enfin savoir dans quelle écurie il serait pour les huit prochaines années. Il avait inspiré, ressentant une pointe d’anxiété. Comme il s’y attendait bien, on les avait appelés par ordre alphabétique, avant de pointer une baguette magique sur eux. Raphaël avait regardé ses camarades passer, sentant l’anxiété monter de plus en plus en lui. A, B, C, D, E, F ... G ! C’était presque son tour. La vieille sorcière appela son nom, et plusieurs têtes se retournèrent. Oui, oui, il était le fils du prince de Monaco, il était au courant ! C’était toujours la même histoire quand il se présentait, ça en devenait lassant. Si bien même qu’il ne le disait même plus, se contentant des nombreux prénoms dont il était affublé. Sérieusement, qui avait eût la merveilleuse idée de lui donner cinq prénoms ? Le jeune homme avait retenu sa respiration, en avançant de quelques pas. Si quelqu’un avait prit sa tension à ce moment là, il aurait sûrement été étonné de le voir encore vivant, et non pas en pleine attaque cardiaque. La sorcière pointa sa baguette sur lui, et il entendit, stressé.

- ZEUS !

Dans son fort intérieur, le petit garçon sourit. Il s’y était attendu. De toutes, l’écurie Zeus était celle qui lui correspondait le plus, celle dans laquelle il pensait se sentir le mieux. Il n’avait apparemment pas eût tort. Laissant la joie le gagner, le petit Grimaldi sourit de toutes ses dents, avant de se diriger, tout pataud qu’il était, à la table de sa nouvelle famille, qui l’accueillait les bras ouvert. A peine eût-il posé ses fesses sur le banc, qu’on lui donna une patacitrouille. C’était la coutume, lui avait-on dit. Il l’avait avalé, quelques peu suspicieux. Ce n’était pourtant pas mauvais. Peut-être qu’après tout, Beauxbâtons n’était pas si mal que ça...


Raphaël reprit ses esprits, assis à son bureau, à Londres. Oui, il se souvenait parfaitement bien de sa répartition. Il avala une autre patacitrouille, et regarda le plafond. Qu’étaient devenus les autres Zeus ? Ils travaillaient sûrement au ministère à l’heure qu’il était, ou bien dans l’éducation. Mais toujours à un poste haut placé. Après tout, ils étaient des Zeus. Raphaël lui, était toujours au bas de l’échelle sociale. Il s’en fichait. Après tout, il était bien mieux comme ça. Il se leva soudainement arrêtant de réfléchir au passé, et se dirigea vers le bureau de Vera. Il allait bien trouver quelque chose à faire...