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Travailler tard était devenu son lot quotidien depuis plusieurs années déjà. Vera ne travaillait pas pour vivre, elle vivait pour travailler. La Gazette était son bébé, elle avait dû se battre pour obtenir le poste de rédactrice en chef et désormais elle s'y accrochait désespérément. Le journal était la seule chose qui lui restait, en dehors de la flammèche de résistance qui brûlait en elle, ou du désir de vengeance qu'elle entretenait depuis sa plus tendre enfance contre la mafia.

Elle aimait être seule, le soir, la voix de Niels sur la RITM emplissant l'espace. A l'entendre, personne ne pourrait jurer qu'il était probablement le pire salaud que la Terre ai porté, ou encore qu'elle, l'indomptable, le cœur de pierre, en soit tombée amoureuse. Elle se sentait idiote, comme la gamine qu'elle était dix ans plus tôt en totale admiration devant Alexei.
Elle pardonnait tout à Werner, les trous dans les murs, le fait qu'il fume dans les bureaux, ses retards, les papiers jamais rendus à l'heure. Mais il était bon, c'était probablement l'un de ses meilleurs journalistes et c'était également son ami. Ou plus, la relation était floue dans l'esprit de la russe. Ce soir là, l'amertume qu'elle nourrissait envers elle-même et ses sentiments la poussa à éteindre la radio et à quitter les locaux un peu plus tôt que prévu. Il était aux alentours de onze heure du soir, le ciel était plus ou moins dégagé, elle décida de rentrer à pied. Après tout, son appartement n'était qu'à une demi heure de marche des locaux de la Gazette, prendre l'air ne lui ferait pas de mal.

En arrivant à Londres, Vera avait presque perdu toute notion du danger que représentait la mafia. Après tout, malgré les quelques articles incendiaires qu'elle laissait régulièrement paraître, elle n'avait jamais dénoncé Millsworthy, qui était devenu un peu plus qu'un simple informateur par ailleurs. Elle avait cessé de fouiller, sûrement lassé de cette course effrénée contre un ennemi invisible, à la recherche d'une sœur peut-être morte aujourd'hui.
Les choses n'étaient pas simples dans ce milieu, elle le savait. Et puis, si un jour elle se retrouvait en face du kidnappeur de sa sœur, que pourrait-elle faire ? C'était des tueurs à gage professionnels, elle avait beau avoir été la meilleure mokop de sa génération – fierté dont elle ne faisait pourtant pas souvent étalage - , elle ne ferait sûrement pas le poids.

Soudain, une grimace traversa le visage serein d'Adamovitch. Sa jambe la faisait encore souffrir malgré les nombreuses potions distribuées suite à l'attentat de St Mangouste. Elle avait failli mourir et sans l'intervention de Benjamin, son ami d'enfance, elle ne serait peut-être plus là aujourd'hui. Hadisson était également l'un de ses problèmes actuels, elle ne savait pas comment le gérer, il était là tout les jours, aux petits soins et elle se sentait de plus en plus mal à l'idée de le repousser. Il faisait des efforts pour regagner sa confiance et elle restait malgré tout fermé. Elle était plus têtue qu'un hippogriffe.
Perdue dans ses pensées, Vera réagit un peu tard au mouvement de baguette qu'elle aperçu au loin, l'endoloris la frôla, lui arrachant un cri de douleur.
Attrapant sa baguette dans sa botte, la rédactrice en chef roula derrière un mur, et cessa de bouger durant quelques secondes le temps de réaliser ce qui se passait.
Ce n'était pas un membre de l'Organisation, c'était des lâches et ils agissaient toujours en bande, non. Là, même l'intonation était différente, on sentait la détermination, la mort.

Anya, la mafia, des centaines de pensées se mélangèrent dans sa tête. Ainsi, ils s'étaient enfin décidés à venir la trouver, coïncidence ou pas après l'article publié la veille et qui avait permis d'arrêter l'un des leurs. Serrant les dents, Vera se releva.

« Subis Destruere »

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